Mathilde L'Azou
Publié le : 11/01/2023

2022, 2023, Zingle, Martin, Herrada… Le regard de David Moncoutié

INTERVIEW. Cadre de l’équipe Cofidis de 1997 à 2012 et actuel consultant chez Eurosport, David Moncoutié décrypte la belle saison de l’équipe l’an dernier et dresse les perspectives pour l’année prochaine.

Quel regard portez-vous sur la dernière saison de l’équipe ?

Pour se maintenir en UCI World Tour et compenser une année 2020 difficile, l’équipe a dû courir après les points en participant à de nombreuses courses. Et dans ce contexte particulièrement délicat, le bilan est plus que satisfaisant. D’un point de vue global, elle a réussi à obtenir de nombreux points, à terminer dans le ‘top 10’ et à signer 19 victoires. C’est vraiment une très belle saison.

 

Quels sont les moments forts de cet exercice 2022 ?

Il y a la victoire à la Vuelta de Jesús Herrada, c’est toujours particulier de s’imposer sur un Grand Tour. Le petit bémol, c’est peut-être le manque de victoires prestigieuses en UCI World Tour mais on a assisté à de très belles performances et de beaux succès. On voit que les leaders de l’équipe – Guillaume Martin, Jesús Herrada, Ion Izagirre – ont été constants tout au long de la saison. Ce sont des coureurs sur lesquels on peut s’appuyer pour aller chercher des victoires de prestige.

GettySport / Guillaume Martin
" Faire preuve de panache "

Globalement, quelle analyse faîtes-vous de l’effectif Cofidis ?

À nouveau, c’était une année très délicate avec la gestion d’un calendrier dense et cette course aux points qui obligeait à faire des calculs. Mais l’équipe a démontré qu’elle avait plusieurs coureurs qui peuvent briller et c’est une bonne illustration de la densité et de la qualité de l’effectif. Quand tu peux miser sur différents profils pour viser des victoires et ne pas t’appuyer toujours sur les mêmes leaders, c’est un vrai facteur de performance.

 

Est-ce que l’équipe est parvenue à transmettre ses valeurs et sa ténacité ?

On sait l’importance de la victoire dans le milieu professionnel, l’importance de performer pour marquer des points. Mais ça reste un sport médiatique où il est important de montrer une belle image et donc de faire preuve de panache. Je trouve que l’équipe Cofidis y est parvenu tout au long de l’année dernière. Pourtant, c’est toujours un compromis à faire entre le résultat à aller chercher et la manière, c’est une réflexion qui n’est pas toujours évidente à mener.

GettySport / Axel Zingle
" S’appuyer sur un collectif rôdé "

Qu’avez-vous pensé de l’émergence d’Axel Zingle ?

Il fait partie des belles révélations de l’année. On savait déjà qu’il était un très bon coureur. Les jeunes qui débarquent au niveau professionnel sont vite performants et il convient de confirmer en remportant des victoires rapidement. C’est forcément très prometteur pour l’avenir : Cofidis pourra compter sur lui pour gagner de belles courses en 2023. 

 

Au Tour de France, l’équipe s’est illustrée avec Benjamin Thomas, Simon Geschke, Anthony Perez mais n’est pas parvenue à remporter une victoire… Quelles sont les clés pour s’imposer ?

On sait qu’il s’agit du très très haut niveau, que les grosses formations sont toujours au rendez-vous et que chaque étape est particulièrement disputée. Il convient d’avoir le bon coureur, dans un bon jour, capable d’aller chercher la victoire et de s’appuyer sur un collectif soudé. Il y a toujours des étapes plus propices que d’autres et il y en aura à coup sûr pour Cofidis en juillet 2023.

 

En revanche, dans votre sillage (4 victoires d’étapes, 4 fois meilleur grimpeur), la Vuelta a souvent souri aux coureurs Cofidis. Comment l’expliquez-vous ?

Même si le Tour de France m’a toujours fait rêver quand j’étais plus jeune, la Vuelta est devenue ma course préférée, surtout à la fin de ma carrière. Je crois que le niveau y est légèrement inférieur à la Grande Boucle même si on voit qu’il y a de plus en plus de niveau et que les prétendants à la victoire finale sont très prestigieux. Il n’empêche, il y a peut-être plus d’opportunités pour s’exprimer, notamment pour les baroudeurs. C’est une belle occasion d’y briller et de lever les bras sur la ligne d’arrivée !